Mettre à l'échelle une PME en temps de pandémie.
Pour reformuler la phrase emblématique de Michael Douglas dans Wall Street, « La croissance, c’est bien ». Certainement, elle est bonne pour les arbres, les enfants et la richesse personnelle, mais elle est particulièrement bonne pour les PME.
D’emblée, nous devons définir les différences entre la croissance et la mise à l’échelle d’une petite ou moyenne entreprise. S’agit-il de la même chose? Eh bien, pas exactement. En général, les gens d’affaires considèrent la croissance de manière linéaire, par exemple lorsque votre entreprise ajoute une nouvelle technologie, une infrastructure, du personnel ou du capital, ce qui entraîne une augmentation des revenus. La mise à l’échelle, quant à elle, devrait plutôt faire croître vos revenus sans nécessiter une augmentation significative des ressources.
Le défi de la croissance de votre PME réside dans l’importance des ressources coûteuses nécessaires pour créer et maintenir une croissance constante. Par exemple, si votre petit cabinet comptable attire plus de clients, vous aurez besoin de plus de spécialistes des chiffres – et peut-être de plus d’espace – pour servir efficacement ces nouveaux clients. L’acquisition de nouveaux clients n’est une bonne chose que si vous pouvez équilibrer l’augmentation des revenus avec les coûts plus élevés pour réaliser ces revenus. Le potentiel de pertes ne doit pas être ignoré.
D’autre part, la mise à l’échelle de votre entreprise devrait augmenter vos revenus sans entraîner une hausse importante des coûts. Selon Scaleupnation, « une mise à l’échelle est une démarche convenant aux entreprises qui ont réalisé leurs premiers revenus et qui sont maintenant confrontées soit à la “deuxième vallée de la mort”, soit à une croissance exponentielle. »
L’IMPACT PROFOND DE LA COVID-19 SUR LES PME
En 2021, les petites entreprises représentaient 98,1 % de toutes les entreprises employeuses au Canada. Elles employaient 9,7 millions de personnes, soit environ les deux tiers de la population active totale. Les moyennes entreprises employaient 3,2 millions de personnes, soit plus d’un cinquième de la population active, et les grandes entreprises n’employaient que 14,8 % de la population active, soit 2,3 millions de personnes. Les PME sont une force puissante dans ce pays et elles souffrent.
Selon une enquête de Statistique Canada, pour le quatrième trimestre de 2021, « les petites entreprises étaient plus susceptibles de s’attendre à une baisse de la rentabilité et des ventes, et moins susceptibles de s’attendre à une augmentation de la demande de leurs biens et services au cours des trois prochains mois, comparativement aux grandes entreprises. »
Les petites entreprises sont donc moins optimistes que la plupart des entreprises lorsqu’elles envisagent les douze prochains mois, et elles sont plus incertaines quant à leur avenir. En fait, un plus grand nombre de petites entreprises ont déclaré s’attendre à une baisse des ventes et de la rentabilité, ainsi qu’à certains obstacles et difficultés financières à court terme. En outre, elles ont prédit qu’elles étaient plus susceptibles que leurs homologues plus grandes de faire face à des contraintes financières.
Les restrictions liées à la COVID-19 ont contraint de nombreuses entreprises à rechercher des financements extérieurs pour survivre. Heureusement, les programmes gouvernementaux ont fourni aux PME des bouées de sauvetage au moment où la pandémie entravait leurs activités. Une fois ces programmes de soutien terminés, les entreprises devront réévaluer comment aller de l’avant.
Les entreprises qui ne peuvent ou ne veulent pas s’endetter davantage font généralement état d’un manque de confiance dans les ventes et les flux de trésorerie futurs.
REBONDIR FACE À LA PANDÉMIE
Avec la situation de la COVID-19 qui affecte à des degrés divers les petites, moyennes et grandes entreprises du monde entier, faire croître ou mettre à l’échelle une PME peut sembler trop optimiste. Les petites entreprises qui ont réussi à rester ouvertes sont toujours confrontées à des difficultés pour faire face aux restrictions, à l’évolution des besoins des clients et à la transformation radicale des marchés. D’autres ont été contraintes de cesser toute activité.
Lorsque l’on considère l’inflation croissante, la pénurie de main-d’œuvre, les chaînes d’approvisionnement brisées et bien d’autres choses encore, la situation de la COVID-19 semble presque anodine. En fait, la pandémie n’est qu’une partie du problème. Un grand nombre (65 %) de PME se sont endettées davantage, tandis que la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) affirme que seulement 40 % des PME ont retrouvé leurs revenus habituels. Par ailleurs, seulement 27 % d’entre elles font état d’une reprise complète.
Dan Kelly, PDG de la FCEI, déclare : « La plupart de nos membres nous disent qu’ils n’ont pas connu un mois de ventes normal depuis plus de deux ans. Si l’on examine les secteurs qui ont été les plus touchés, le commerce de détail, l’hôtellerie, le secteur des services, les arts et le divertissement, ces entreprises, qui représentent bien sûr une grande partie de la communauté des petites entreprises, sont encore très loin de la normale. »
QUEL EST LE PLAN?
Nous pourrions vous dire de penser positivement, mais nous comprenons que cela puisse être difficile dans la situation actuelle, qui pourrait s’aggraver avec une récession possible à l’horizon.
Cependant, il y a des éléments positifs à prendre en compte :
NUMÉRISATION : Le papier a disparu depuis longtemps, mais certaines PME s’y accrochent. Ce n’est pas une façon efficace de travailler. De plus, l’adoption de l’infonuagique et du travail à distance, lorsque cela est possible, peut être extrêmement bénéfique pour réduire les coûts et augmenter la productivité.
SYSTÈMES : Le fait de doter votre entreprise de systèmes est la meilleure façon de gérer une expansion à plusieurs niveaux. Un bon système de GRC ou un logiciel de commerce électronique fiable vous permettra de vous concentrer sur la croissance. L’externalisation ou l’automatisation vous permet de vous concentrer sur la croissance de votre PME.
MARKETING : Après la pandémie, la reprise sera lente si l’on n’investit pas dans le marketing. Les PME sont moins nombreuses à investir, alors en joignant l’acte à la parole, aux courriels, aux réseaux sociaux et aux sites Web, vous risquez de subir moins de concurrence de leur part.
RÉSEAUTAGE : L’union fait la force. Il est temps pour les PME de travailler ensemble et de transformer une situation morose en opportunités. Presque toutes les PME sont confrontées aux mêmes défis que les vôtres. Faites preuve de créativité en travaillant avec des entreprises complémentaires et récoltez des avantages mutuels.
COMPÉTENCES : Assurez-vous que vos employés offrent la productivité dont vous avez besoin. Offrez-leur des formations, des équipements efficaces et des technologies de pointe pour les aider à accomplir leur travail.
MISE À L’ÉCHELLE : Ne choisissez pas seulement des solutions rapides ou bon marché comme stratégie de croissance. Rappelez-vous que la mise à l’échelle ne nécessite pas un investissement majeur. S’enfoncer dans un labyrinthe de systèmes inefficaces peut sembler économique, mais uniquement jusqu’à ce que vous voyiez les coûts réels.
FLEXIBILITÉ : La période actuelle est sans précédent et imprévisible pour les PME. Laissez-vous guider par les demandes et les attentes des clients et modifiez votre approche.
FAITES PREUVE D’AUDACE
Bien sûr, le personnage de Michael Douglas dans Wall Street, Gordon Gecko, était un escroc impitoyable qui privilégiait la cupidité plutôt que la croissance. Son succès a été de courte durée précisément pour cette raison.
Dans le contexte de la pandémie, les PME canadiennes devront avancer avec courage, prudence et intelligence en redéfinissant, et peut-être même en réinventant, ce qu’est leur entreprise aujourd’hui et ce qu’elle sera à l’avenir.
Il n’existe pas de solution unique et instantanée. Plus vous profitez efficacement de la technologie, des investissements, de la stratégie, du marketing, de la main-d’œuvre, etc., mieux ce sera pour votre entreprise. La croissance ou la mise à l’échelle de votre PME en 2023 sera un travail de longue haleine. Pour surpasser vos concurrents et surmonter les défis qui échappent à votre contrôle, vous devrez faire preuve d’une grande concentration et d’une vision encore plus précise. Faites preuve d’audace. Utilisez vos ressources intelligemment. Réussissez.
POINTS À RETENIR
Les gourous du monde des affaires disent depuis longtemps que si vous ne vous développez pas, vous mourez. Mais nous avons tous entendu des histoires d’entreprises qui ont grandi trop vite et qui se sont écrasées comme Icare. Bien sûr, cela ne signifie pas que les PME doivent se contenter de leur succès. Cela pourrait être un désastre, quel que soit le montant des recettes d’une entreprise. Avoir une bonne année ne signifie pas que le futur est assuré.
Mais quelle est la différence entre la croissance et la mise à l’échelle de votre entreprise? Et comment réaliser l’une ou l’autre dans un monde encore sous le choc de la pandémie? Si votre PME a survécu au pire de la COVID-19, ce n’est pas le moment de se reposer sur ses lauriers. La pandémie est toujours là et nous devons maintenant faire face à une économie mondiale en plein chaos, à une inflation galopante, à des chaînes d’approvisionnement brisées, à des pénuries de main-d’œuvre, à une récession imminente et à bien d’autres choses encore, sans aucun répit en vue.
Les PME canadiennes sont l’épine dorsale de notre pays et il est dans l’intérêt de tous d’assurer leur survie, d’autant plus qu’elles emploient les deux tiers de la main-d’œuvre. Les réponses existent et l’échec n’est pas une option.
Résumé
La pandémie de COVID-19 a touché les petites et moyennes entreprises beaucoup plus que les sociétés trop grosses pour faire faillite, assises sur des décennies de succès massif. Les PME canadiennes ont beaucoup souffert au cours des trois dernières années. Près d’un tiers d’entre elles n’ont pas survécu.
Le gouvernement fédéral a fourni des efforts héroïques pour aider de nombreuses petites et moyennes entreprises, ainsi que des centaines de milliers de travailleurs indépendants au pays. Mais les chiffres prépandémiques sont la preuve que le rebond est une réelle possibilité pour les PME qui sont prêtes et désireuses de réexaminer leurs processus et leurs philosophies.
Dans cet article, nous offrons une perspective positive et quelques stratégies clés pour aider les 1,3 million d’entreprises ayant des employés au Canada. Comme l’a dit un jour une personnalité bien connue, « L’avenir n’est plus ce qu’il était ».